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Le diabète

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Définition

Le diabète est un excès de sucre dans le sang. Le taux de sucre dans le sang s'appelle glycémie. Sa valeur, mesurée le matin à jeun, peut être :

inférieure à 0,6 g/l hypoglycémie : la concentration en sucre est insuffisante. Si la glycémie descend encore, on aura des troubles puis un coma.
comprise entre 0,6 g/l et 1 g/l glycémie normale : pas de diabète
comprise entre 1 g/l et 1,4 g/l glycémie élevée mais le diabète n'est pas assuré. Il faut des analyses complémentaires pour déterminer s'il y a ou non diabète.
supérieure à 1,4 g/l hyperglycémie : diabète avéré

La définition du diabète pour l'OMS est une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/l.

A partir de 1,8 g/l environ, le sucre en excès passe dans les urines et c'est souvent de cette manière que le diabète est découvert, au cours d'une analyse d'urine.

Types de diabète

On distingue 2 types de diabète suivant la cause de l'augmentation de la glycémie :

Diabète de type 1 ou diabète insulino dépendant (DID) : il se caractérise par une carence absolue en insuline, ce qui ne permet pas l'absorption du sucre par les cellules. Ce type de diabète apparaît souvent avant l'âge de 30 ans. Le seul traitement est l'apport d'insuline par injection sous-cutanée (l'insuline est détruite par les sucs gastriques). Ce type de diabète n'est pas lié à l'obésité; il n'est donc pas traité ici.

Diabète de type 2 ou diabète non insulino dépendant (DNID) : il se caractérise par une résistance des cellules à l'action de l'insuline. Le pancréas produit souvent d'énormes quantité d'insuline, mais ne suffit pas à rétablir une glycémie normale. Ce type de diabète apparaît surtout après l'âge de 50 ans (40 ans dans le cas d'obésité associée) et s'accompagne d'une surcharge pondérale. C'est le diabète le plus fréquent (1 million de personnes traitées en France). Le traitement est par ordre de priorité :

nutritionnel

activité physique

plus ou moins de médicaments par voie orale

Chez le sujet DNID, le pancréas peut (1 fois sur 2) s'essouffler à la longue (à partir de 10 ans de diabète) et ralentir sa production. La carence en insuline peut alors devenir quasi absolue. Il s'agit alors d'un diabète insulino nécessitant (DIN). Le traitement est alors l'insuline, associée ou non à des médicaments.

Evolution du diabète de type 2

Évolution dans le temps du diabète de type 2

Symptômes

Le diabète DNID se caractérise par... une absence de symptômes visibles. C'est pourquoi on estime que de nombreuses personnes en sont atteintes mais l'ignorent.

Si vous êtes atteint d'une obésité de type abdominal, vous devez impérativement surveiller votre glycémie de manière à ne pas laisser passer un début de diabète. Au minimum, une prise de sang ou une analyse d'urine (ex. médecine du travail) annuelle permet de ne pas rater un début de diabète.

L'évacuation du glucose dans l'urine (glycosurie), entraîne une perte obligatoire d'eau, ce qui fait que les urines deviennent plus abondantes. Il apparaît donc une envie d'uriner plus fréquente qui induira à son tour une sensation de soif. L'apparition de ces deux symptômes doit vous inciter à consulter rapidement.

Complications

Si le diabète en soi n'est pas très gênant, ce qui l'est d'avantage ce sont les complications qu'il induit. En effet un taux de sucre élevé raidit les parois des vaisseaux sanguins et provoque un dépôt à leur périphérie, conduisant peu à peu à leur obstruction, un peu comme l'excès de calcaire entraîne un encrassement des conduites d'eau.

Les grosses et surtout les petites artères peuvent être atteintes :

obstruction du système capillaire des extrémités inférieures (artérite) : le pied, puis la jambe n'est plus irrigué et nécrose : on a une gangrène que seule l'amputation peut - parfois - enrayer.

obstruction des reins (néphropathie) : ceux-ci cessent peu à peu de fonctionner et le patient doit subir un régime de dialyses.

obstruction des capillaires des yeux (rétinopathie) : la vue baisse et le diabète conduit à la cécité. Le diabète est la première cause de cécité dans les pays industrialisés.

atteinte des nerfs (neuropathie)

L'atteinte des artères est plus fréquente si on fume. Il faut donc cesser de fumer, pour ne pas avoir deux causes pouvant abîmer les artères.

Ces complications apparaissent d'autant plus rapidement que la glycémie est importante. Voilà pourquoi il est essentiel de contrôler sa glycémie pour qu'elle soit le plus proche possible d'une glycémie normale (on appelle cela équilibrer son diabète). C'est une grossière erreur que de croire que l'on peut se soigner «seulement un peu» lorsque l'on n'a pas encore de complications, et qu'il sera toujours temps de mieux se soigner lorsque les complications auront débuté.

Mesure du diabète

Glycémie à jeun

Sa mesure au laboratoire est le moyen le plus simple et le plus connu pour «mesurer le diabète». Sa valeur normale à jeun, ou dans la journée avant les repas, est comprise entre 0,6 et 1,0 g/l. On peut aussi la mesurer 1 h 30 après le début du repas (glycémie postprandiale) et sa valeur normale est inférieure à 1,5 g/l.

Mais on peut également la mesurer très facilement soi-même, à domicile ou sur son lieu de travail, avec un petit appareil appelé «lecteur de glycémie» qui analyse une goutte de sang, qui est prélevée au bout du doigt avec une sorte de stylo appelé «autopiqueur». On parle de «glycémie capillaire» car le sang provient des tout petits vaisseaux appelés capillaires.

La glycémie à jeun et avant les repas n'a pas la même origine que la glycémie après les repas :

la glycémie à jeun et avant les repas est le résultat de la fabrication de sucre par le foie pour nourrir les cellules de l'organisme,

tandis que la glycémie après les repas est le résultat de la capacité des muscles et du foie à stocker plus ou moins rapidement le sucre apporté par les aliments.

Autrement dit, on a pour habitude de mesurer la glycémie à jeun, notamment pour le diagnostic du diabète, mais elle n'apporte des informations que sur l'un des deux mécanismes de la régulation du sucre, puisque la glycémie à jeun est le résultat d'une libération, tandis que la glycémie après les repas est le résultat d'un stockage.

Les deux mécanismes sont généralement associés, mais il est fréquent que le diabète porte plutôt sur l'un des deux : 

soit c'est plutôt le mécanisme de libération qui est défectueux : le foie libère plus de sucre que ce qui est nécessaire, et dans ce cas la glycémie à jeun peut être proportionnellement plus élevée que les autres glycémies dans la journée;

soit c'est plutôt le mécanisme de stockage qui est défectueux : les muscles et le foie n'arrivent pas à stocker assez rapidement le sucre apporté par les repas, et dans ce cas les glycémies après repas sont très élevées par rapport à la glycémie à jeun.

Par conséquent, la mesure de la glycémie à jeun est un mauvais moyen pour «mesurer la maîtrise du diabète» c'est-à-dire pour apprécier le risque que les artères et les nerfs soient abîmés par le diabète.

L'hémoglobine glycosylée (HbA1c)

L'hémoglobine glycosylée, ou hémoglobine glyquée, ou HbA1c, est le témoin de la moyenne des glycémies sur une période de deux mois.

Le mécanisme mis en oeuvre est le suivant :

Le glucose peut adhérer aux protéines si le temps de contact entre le glucose et la protéine est suffisamment long, et toutes les protéines du corps ont cette propriété que l'on appelle glycosylation ou glycation des protéines.

Les globules rouges, qui se trouvent dans le sang, contiennent de l'hémoglobine qui est la protéine donnant la couleur rouge au sang, et dont le rôle est de transporter l'oxygène des poumons vers toutes les cellules du corps.

Il existe différents groupes d'hémoglobine, dont certaines permettent mieux l'adhésion du glucose que d'autres. L'hémoglobine A1 est la plus intéressante dans ce domaine, et selon l'endroit où a adhéré le glucose, on distingue l'HbA1a1, l'HbA1a2, l'HbA1b et l'HbA1c.

Et parmi tous les groupes et sous-groupes d'hémoglobine, l'HbA1c est celle dont le taux est le mieux en relation avec le niveau de sucre dans le sang.

Comme la durée de vie d'un globule rouge est de 120 jours, et qu'à moment donné il y a dans le sang des «enfants globules rouges» qui ne contiennent pas encore d'HbA1c car le temps de contact avec le glucose a été très court, des globules rouges adultes qui contiennent de plus en plus d'HbA1c au fur et à mesure que l'âge du globule rouge augmente, et des «vieux globules rouges» contenant le plus d'HbA1c, la mesure de l'HbA1c est le témoin du niveau moyen du glucose dans le sang au cours des deux derniers mois.

Autrement dit :

plus le taux de glucose a été élevé au cours des deux derniers mois plus l'HbA1c est élevée,

et plus le taux de glucose a été normal au cours des deux derniers plus l'HbA1c est normale.

Cette mesure est donc bien plus intéressante que la glycémie à jeun, d'une part car c'est le témoin de la moyenne des glycémies, et d'autre part car c'est aussi le témoin de la glycation des protéines, c'est-à-dire d'un des mécanismes qui conduit aux complications du diabète (la glycation des protéines altère leur fonctions, et en ce qui concerne l'hémoglobine glycosylée, elle transporte moins bien l'oxygène).

Le résultat du laboratoire est exprimé en pourcentage de l'hémoglobine totale. Sa valeur normale est habituellement comprise entre 3,5 et 6,0 %. L'interprétation de ce pourcentage est simple en termes de risques de complications :
 

 
En ce qui concerne les tout petits vaisseaux (rétine, reins) et les nerfs :

en l'absence de diabète, la rétinopathie, la néphropathie et la neuropathie diabétiques n'existent pas,

une HbA1c inférieure à 7,0 % signifie que le risque de complications microvasculaires est extrêmement faible,

une HbA1c entre 7,0 et 8,5 % correspond à un risque un peu plus important qui augmente parallèlement à la valeur du pourcentage,

lorsque l'HbA1c est entre 8,5 et 10 %, le risque augmente plus rapidement qu'entre 7,0 et 8,5 %,

et au-dessus de 10 % le risque augmente encore plus rapidement qu'entre 8,5 et 10,0 %.

En ce qui concerne les gros vaisseaux (cœur, artères des jambes et du cerveau) :

le risque de complications comme l'infarctus du myocarde ou l'artérite des membres inférieurs existe même en l'absence de diabète,

et en cas de diabète le risque augmente dès que la limite supérieure de la normale de l'HbA1c est dépassée,

puis le risque progresse de façon régulière, parallèlement à la valeur du pourcentage.

Dans les deux cas, toute diminution de 1 % de l'HbA1c diminue d'environ 20 % la fréquence des complications.

Les recommandations de l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation de la Santé (ANAES) à propos de l'hémoglobine glycosylée dans le diabète de type 2 sont les suivantes :

l'objectif optimal à atteindre est une valeur d'HbA1c inférieure à 6,5 %,

lorsque l'HbA1c est égale à 6,5 %, il n'y a pas lieu de modifier le traitement (sauf effets secondaires),

lorsque l'HbA1c se situe entre 6,6 % et 8 % sur deux contrôles successifs, une modification du traitement peut être envisagée, en fonction de l'appréciation par le clinicien du rapport avantages / inconvénients du changement de traitement envisagé,

lorsque la valeur de l'HbA1c est supérieure à 8 % sur deux contrôles successifs, une modification du traitement est recommandée.

Bien entendu, le risque de complications du diabète ne dépend pas que de la glycémie, car d'autres facteurs interviennent (cholestérol, hypertension, tabac, absence d'activité physique, excès de poids et facteurs génétiques) mais, à facteurs de risque identiques, l'HbA1c permet bien mieux de «mesurer le diabète» que la glycémie à jeun et il est recommandé de la doser tous les trois mois.

L'autosurveillance glycémique

C'est la mesure soi-même de la glycémie avec un lecteur de glycémie.

Elle n'a aucun intérêt pour modifier certains jours le nombre de comprimés contre le diabète, étant donné que lorsque l'on change le nombre de comprimés il faut au moins une bonne semaine pour obtenir les pleins effets de ce changement. L'autosurveillance glycémique ne peut donc pas servir pour modifier certains jours le nombre de comprimés contre le diabète.

Par contre, l'autosurveillance glycémique est très précieuse pour valider les choix alimentaires, c'est-à-dire pour savoir si ce que l'on mange est correct, et savoir si on ne se prive pas à tort :

Si la différence entre les glycémies pré et postprandiales est supérieure à 0,60 g/l, il y avait :
soit trop de glucides (pain et dérivés de la farine, féculents, fruits),
soit pas assez d'aliments non glucidiques (crudités, légumes chauds, viande ou poisson, laitage),

soit trop de glucides et pas assez d'aliments non glucidiques.

Si la différence glycémique est inférieure à 0,20 g/l, un supplément glucidique aurait pu être avalé au cours de ce repas.

Quel repas tester ?

L'objectif étant de traquer l'hyperglycémie, le plus utile est de tester les repas dont on pense que la composition est de nature à conduire à une élévation excessive de la glycémie.

Les repas les plus intéressants à tester sont donc les repas comportant des glucides en quantité non négligeable (pain et farineux, féculents, fruits) et/ou les repas dont les aliments non glucidiques (crudités, légumes chauds, viande ou poisson, laitage) sont absents ou en faible quantité.

Ou encore, étant donné que les études concernant les habitudes alimentaires familiales montrent que les mères de famille ont habituellement une vingtaine de menus «de base» qu'elles déclinent selon diverses modalités, il est aussi possible notamment la première fois que l'on envisage de valider ses choix alimentaires par l'autosurveillance glycémique, de tester les uns après les autres les menus habituels, de façon à vérifier leur effet sur la glycémie, et réfléchir à la façon dont ces menus pourraient être améliorés, notamment par l'ajout d'aliments non glucidiques.

Il est également possible, lorsque les différents menus habituels ont été testés, de procéder de façon systématique en testant le petit déjeuner le lundi, le déjeuner le mardi, le dîner le mercredi, puis à nouveau le petit déjeuner le jeudi...

Enfin, il est intéressant de noter qu'assez souvent c'est le petit déjeuner qui conduit aux élévations glycémiques les plus importantes, même lorsque le volume des aliments avalés est faible. Ceci est lié au fait que très souvent le petit déjeuner comporte uniquement un liquide (café, thé...) qui n'apporte pas de glucides ni d'éléments susceptibles de ralentir la digestion, et du pain dont la moitié du poids est en fait des glucides. D'autre part, le matin est la période de journée où la tendance hyperglycémique est la plus forte par suite de l'effet d'hormones sécrétées en fin de nuit (le même petit déjeuner pris le soir entraîne une moindre élévation glycémique). Pour améliorer le petit déjeuner, il est souvent utile de manger quelque chose en plus (tranche de jambon découenné dégraissé, fromage allégé, yaourt maigre, fromage blanc allégé, tranche de fromage toastinette, oeuf... mais aussi tomate, concombre, carottes crues...), et le pain gris, ou mieux les pains enrichis en fibres, se digèrent plus lentement que le pain blanc.

 

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