Le mythe du corps lisse et... sans saveur
Un des stéréotypes actuels est de glorifier les corps lisses, sans aspérité,
sans odeur donc irréels. Journaux et surtout télévision et cinéma nous
tendent un miroir déformant fait d'hommes et de femmes jeunes et beaux,
inodores et incolores, menant des vies de rêve dans un monde d'où sont bannis
la souffrance, la maladie, la vieillesse, la mort mais aussi la laideur et la
difformité.
L'obèse, en rappelant à ses congénères que, quoi qu'ils fassent, ils n'en
restent pas moins des êtres vivants, organiques et donc mortels, fait scandale.
Le gros doit donc maigrir
Le mythe de la volonté
L'idée que notre corps serait infiniment malléable, que "si on veut,
on peut" est aussi très répandue.
Un régime doit permettre de perdre la graisse superflue; une musculation
intensive doit faire apparaître des muscles absents; le chirurgien doit
retendre les peaux flasques, gommer les rides et redessiner les silhouettes; la
médecine doit remettre à neuf les artères, voire procéder à un échange
standard du cœur.
Mais la réalité est moins rose : les gros n'arrivent pas à maigrir; la
musculation ne transforme pas les obèses en John Wayne et les chirurgiens
n'empêchent pas de vieillir...
Le mythe du mérite
Le mythe de la volonté est un redoutable facteur de culpabilisation : chacun
n'a-t-il pas un capital santé dont il est responsable ? Et être gros,
hypertendu, diabétique ou essoufflé en montant l'escalier, c'est s'être rendu
coupable de négligence.
Dans cette optique, la bonne santé se mériterait et la maladie serait une
forme de punition. Le surpoids serait le signe d'un ratage personnel, d'une
personnalité imparfaite ou d'une moralité douteuse.
En plus, les alcooliques, les fumeurs, les obèses et les amateurs de
sucreries seraient de mauvais citoyens qui grèveraient le budget de la
Sécurité Sociale en raison de maladies bien méritées. L'hygiénisme est à
la mode et les hommes politiques, depuis qu'ils ont découvert que cela pouvait
permettre de réduire les dépenses de santé, ont tendance à le transformer en
"fascisme sanitaire".
Mais les choses sont moins simples qu'il n'y paraît : les médecins sont
bien incapables de dire quels changements dans le mode vie ou l'alimentation se
révèleront bénéfiques pour un individu donné, à un moment donné de sa
vie.
Le mythe de Superwoman
Si vous êtes du sexe féminin, un autre mythe vous tend les bras : celui de
Superwoman.
Une femme digne de ce nom se doit d'être belle et mince, jeune ou paraissant
jeune et habillée sexy. Elle doit aussi être bonne maîtresse de maison,
sachant faire honneur aux plats proposés et ne chipotant pas dans son assiette.
Elle doit encore être une mère attentive, douce et aimante.
Satisfaire en même temps à tous ces critères relève bien sûr de la
quadrature du cercle.