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Training autogène de Schultz

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Je t'aime comme tu es...

Cette technique d’auto-hypnose, qui prend aussi en compte la méthode d’autosuggestion d’Emile Coué, vise à provoquer une déconnexion générale de l’organisme.

Un peu d'histoire

La méthode du training autogène, qui est appelée aussi par Schultz " méthode de relaxation par auto-décontraction concentrative ", est née des recherches sur le sommeil et sur l'hypnose par Vogt et Brodman entre 1894 et 1903 à Berlin : ils avaient observés que certains patients, ayant subi de nombreuses séances d'hypnose, étaient capables par eux-mêmes, de se replonger dans un état similaire. Au cours de cet état d'auto-hypnose apparaissaient des sensations de lourdeur et de chaleur accompagnées d'un effet remarquable de récupération. Ils avaient remarqués que ces exercices mentaux, pratiqués plusieurs fois par jour, réduisaient de façon notable les effets du stress, de la fatigue et de la tension.

Schultz est né en Basse-Saxe en 1884. Il étudie la médecine à Lausanne et en Allemagne, et se spécialise en psychiatrie sous la direction de Richard STERN et de HERLICH. En 1905, il explore les potentialités de l'hypnose et des diverses formes de suggestion. Il est nommé professeur de psychiatrie en 1915 à Iéna, et écrit son premier grand ouvrage, "le traitement psychologique des patients", durant la guerre de 14-18. En 1932, après 10 ans d'observations cliniques et expérimentales, il publie sa première édition du "Training Autogène".(TAS)

Schultz est un psychanalyste de la 1ère heure et il fit la connaissance de FREUD en 1911. CAYCEDO l'a connu et Schultz devait même présider le 1er Congrès Mondial de sophrologie, mais il eu la mauvaise idée de décéder quelques mois auparavant.

Des exercices qui mettent l'esprit et le corps au repos.

En procédant à de nombreuses séances d'hypnose, le Pr Schultz avait remarqué qu'au début de l'induction hypnotique, les patients éprouvaient avec une régularité constante une série de sensations corporelles amenant cet état de déconnexion qu'est l'état hypnotique.

Il eut alors l'idée géniale de faire éprouver a priori ces sensations corporelles à ses patients de façon à les mettre dans un état voisin de l'hypnose.

Il eut l'agréable surprise de constater que les résultats confirmaient ses prévisions.

Le principe de la méthode de Schultz consiste donc en des exercices physiologiques rationnels déterminés (sensations de lourdeur, de chaleur, etc... ), destinés à mettre l'esprit et le corps au repos.

La méthode de Schultz est une méthode personnelle, "responsable", d'entraînement à l'auto-hypnose, réduisant au minimum la suggestion provoquée par un opérateur.

Les phases du training autogène

Dans le T.A.S., 4 phases d'approche thérapeutiques peuvent être distinguées : l'entraînement aux exercices standards, les modifications autogènes, l'entraînement à la méditation autogène, et les méthodes de neutralisation autogène.

L'entraînement autogène standard

Il comprend une série de 6 exercices dont les 2 premiers sont les plus importants.

Il s'agit, au cours de ces exercices, de faire éprouver au patient, graduellement, une série de sensations corporelles.

Le patient est placé dans une ambiance calme et dans une position adéquate, de manière que ses muscles soient détendus.

Trois positions sont conseillées :

la position assise sur une chaise, "en cocher de fiacre" (c’est-à-dire la tête penchée en avant)

la position allongée sur un divan, bras et jambes vers l'extérieur

la position assise dans un fauteuil.

Le patient doit alors fermer les yeux et se concentrer mentalement sur une partie de son corps d'abord, sur tout le corps ensuite et y rechercher la sensation de lourdeur, par exemple. Cette sensation une fois éprouvée, il va la formuler mentalement, en pensant, par exemple :"Mon bras ou mon corps est lourd, tout à fait lourd " et ainsi de suite.

Cet exercice doit se pratiquer sans insister si la sensation n'est pas immédiatement perçue, dans l'attitude mentale de passivité encore appelée "de concentration passive", et sous la direction d'un thérapeute expérimenté, lui-même entraîné au T.A.S. La concentration passive s'oppose à la concentration active et signifie que le patient accepte l'idée que le résultat à atteindre ne s'obtiendra pas rapidement et que, s'il n'est pas bon aujourd'hui, il le sera demain ou un autre jour.

Le patient doit réaliser cet exercice quotidiennement 2 ou 3 fois, le temps qu'il y consacre variant de 3 minutes à une 1/2 heure en fin d'entraînement.

La consultation du thérapeute va servir à contrôler les progrès, à encourager le patient et à donner des directives pour une plus grande décontraction.

Après un temps variable, de 2 à 6 mois, le patient est capable de se plonger très rapidement dans un état de déconnexion totale, physique et mentale, sorte d'état second situé entre la veille et le sommeil, l'état autogène.

Il en résulte un état de bien-être physique et mental dont les effets peuvent se prolonger plusieurs heures après l'exercice.

Lorsque le patient est capable de se mettre en état de relaxation totale, encore appelée par Schultz "déconnexion organismique", il est possible d'introduire des exercices plus spécifiquement attachés à certains troubles.

Les méthodes de modification autogènes

Schultz a ajouté une série d'exercices complémentaires à visée thérapeutique plus élaborés qu'il a appelés " Modifications Autogènes ".

Il divise ces exercices de modifications autogènes en 2 catégories : les formules organo-spécifiques (F.O.S.) qui agissent physiologiquement dans une zone donnée, et les formules intentionnelles ( F.I.), qui agissent plus particulièrement sur les fonctions psychiques.

Les formules organo-spécifiques renforcent l'effet des exercices standards que sont la pesanteur, la chaleur, ou encore le rafraîchissement du front et sont pratiquées en combinaison avec ceux-ci dès que le patient a bien maîtrisé ses formules d'exercices standards.

Les formules se recherchent et se pratiquent en accord avec les données fournies au cours des entretiens entre le patient et le thérapeute.

Il faut adapter chaque formulation à chaque cas et à chaque patient. Par exemple, en cas de rhinite spasmodique, le patient sera appelé à formuler : "Mon nez est frais ". Dans un cas d'énurésie, le patient dira : "Ma vessie est chaude ".

Les formules intentionnelles sont des formules d'auto-suggestion à visée psychothérapique.

On en distingue 3 types :

Les formules de neutralisation sont plutôt utilisées dans les cas d'idées fixes ou obsessionnelles. Un patient obsédé par la masturbation sera amené à formuler : " La masturbation m'est complètement indifférente ".

Les formules de renforcement vont renforcer une action positive, par exemple, le sommeil. Dans ce cas, le patient sera amené à formuler : "J'ai envie de dormir ".

Les formules d'abstinence sont des formules qui sont intentionnelles et qui sont destinées à faciliter l'abstention d'une drogue .Par exemple : " Je sais que j'évite de boire une simple goutte d'alcool, en tout temps, en toutes circonstances, en n'importe quelle situation. D'autres boivent, mais moi, l'alcool ne me plaît pas ".

La méditation autogène

Elle se pratique dès que le patient a bien maîtrisé les exercices standards du T.A.S. et qu'il est capable de plonger rapidement, quasi instantanément dans l'état autogène.

Généralement, cette méditation autogène ne peut avoir lieu qu'après 2 ans de maîtrise des exercices standards et ne peut se faire qu'en association avec un thérapeute formé à la thérapie psychanalytique.

Il s'agit d'une méthode de méditation mentale qui va permettre très progressivement d'aborder les problèmes existentiels fondamentaux de l'individu et devenir une sorte de psychanalyse.

La méditation autogène comprend 7 exercices de méditation :

Dans le 1er, le patient apprend à visualiser mentalement les couleurs;

Dans le 2ème, il apprend à sélectionner mentalement les couleurs désirées et à apprécier son choix;

Au cours du 3ème, il va visualiser des objets concrets puis des objets abstraits;

Le 4ème et le 5ème exercice consistent à expérimenter le choix d'une sensation;

Le 6ème, la visualisation d'autres personnes;

Enfin le 7ème, que Schultz appelle " les réponses de l'inconscient ", le patient prend conscience des divers aspects refoulés de sa conscience.

On comprend aisément que cette méditation ne puisse être pratiquée sans l'aide d'un guide compétent, connaissant tout à la fois la méditation autogène et la psychanalyse.

La méthode de neutralisation autogène

Elle comprend l'abréaction autogène et sa verbalisation autogène.

La méthode d'abréaction autogène dérive des études sur le processus de décharges autogènes qui apparaissent durant les exercices standards. Schultz avait remarqué en effet que, lors de la pratique régulière du T.A.S., des patients plongés dans l'état autogène exprimaient d'autres sensations que celles directement liées aux exercices standards. C'est ainsi que certains patients décrivaient des sensations de picotements, de chatouillements des extrémités, de dépersonnalisation, de sensibilité exagérée et bien d'autres encore.

Pour Schultz, ces sensations, appelées des décharges autogènes, seraient en fait nécessaires et permettraient au cerveau de se décharger de manière préventive et curative.

Elles correspondraient à une énergie accumulée dans le cerveau et qui, emmagasinée trop longtemps, pourraient ressortir sous formes de symptômes ou de troubles fonctionnels.

L'état autogène permettrait à cette énergie de se résorber sans dommage.

Schultz propose alors au patient de pratiquer régulièrement le T.A.S., de se placer dans l'état autogène par les formules standards et la concentration passive pour prendre ensuite ce qu'il appelle l'attitude de la " Carte Blanche ".

L'attitude de la carte blanche va consister pour le patient à se déconnecter mentalement et à se placer en spectateur vis-à-vis de ses propres sensations et de son propre corps, sans aucune directivité.

Il est ensuite demandé au patient de décrire ce qu'il ressent, ce qu'il éprouve dans son état autogène.

Schultz fait la différence entre l'abréaction autogène, où le rôle du thérapeute se limite à étudier les résistances, et la verbalisation autogène, qui vise à neutraliser les abréactions autogènes les plus gênantes.

Dans l'abréaction autogène, le patient dit avoir des picotements, par exemple ( liés à un conflit avec la mère ). Dans la verbalisation, on essaie de mettre en rapport ces réactions sensorielles avec les conflits profonds.

En conclusion

La concentration porte avant tout sur des représentations intérieures et non sur les sensations corporelles. Le TAS conviendra donc particulièrement aux personnes très fâchées avec leur corps, leur permettant de renouer avec lui sans se trouver brutalement confrontées à une réalité déplaisante.

 

Pour en savoir plus...

Le training autogène, Méthode de relaxation par autodécontraction concentrative, par SCHULTZ Johannes Heinrich. (12ème édition, janvier 1997, Presses Universitaires de France, collection "Bibliothèque de psychiatrie")

 

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